the-last-of-us-s02e05-quand-la-vengeance-devient-religion-e28093-critique

Quand la Vengeance Devient Religion

Feel Her Love, cinquième volet de la saison 2 de The Last of Us, nous plonge dans un Seattle transformé en arène mortelle où les champignons ne sont peut-être plus la pire des menaces. Stephen Williams (connu pour Watchmen et Lost) signe ici un épisode d’une intensité rare qui nous confronte aux limites de notre propre humanité.

Critique série dystopique The Last of Us S02E05 : Ellie s’enfonce inexorablement dans les abysses de la vengeance tandis que Seattle dévoile ses dangers mortels. Un épisode viscéral où l’humanité vacille.

Parce qu’il constitue un tournant décisif dans la descente aux enfers d’Ellie, tout en offrant une réflexion glaçante sur le prix émotionnel de la vengeance.

La série HBO continue d’explorer les ruines d’un monde où l’apocalypse n’a pas fini de révéler ses horreurs. Avec seulement 7 épisodes contre 9 pour la première saison, cette deuxième salve déroule son récit à vitesse grand V. Et croyez-moi, ça déménage sévère.

Champignons 2.0 : L’évolution du cauchemar

D’entrée de jeu, l’épisode nous met face à une terrifiante révélation : le cordyceps pourrait désormais se transmettre par voie aérienne. Cette évolution du virus, mentionnée lors d’une conversation tendue entre des officiers du WLF (Washington Liberation Front), ajoute une couche d’anxiété à un monde déjà au bord du gouffre.

Contrairement à la première saison où les infectés jouaient parfois les figurants de luxe, cette saison 2 remet le champignon au centre du game. La séquence où Ellie et Dina se retrouvent encerclées par une horde de rôdeurs est un modèle de tension pure. Le budget (apparemment 100 millions de dollars pour 10 épisodes) se voit à l’écran, avec des créatures plus nombreuses, plus variées et franchement plus flippantes. La claustrophobie est palpable et le sound design achève de vous retourner les tripes.

La menace fongique n’est plus juste un prétexte narratif, elle devient un ennemi à part entière, omniprésent et implacable. Le worldbuilding s’enrichit considérablement, même si certains critiques pointent un manque de cohérence dans l’introduction tardive de ce mode de contamination aérienne. (Mais bon, quand c’est aussi bien foutu visuellement, on peut leur pardonner ce petit retcon, non ?)

Culte, trauma et violence : Le triangle infernal

L’épisode marque aussi notre premier vrai contact avec les Séraphites (ou « Scars »), une secte religieuse dont la brutalité rivalise avec celle des infectés. La scène d’exécution dans le parc est d’une beauté macabre, entre sang et flammes qui n’est pas sans rappeler le cinéma d’horreur cultiste façon Kill List ou Apostle.

Pendant ce temps, la relation entre Ellie et Dina prend une tournure plus complexe, alors que cette dernière révèle un traumatisme d’enfance qui nous éclaire sur son personnage. C’est fascinant de voir comment, même après cinq ans ensemble, ces deux femmes gardent encore des zones d’ombre l’une pour l’autre. Ellie n’a jamais parlé de Riley ni de son immunité. Dina cache ses propres blessures. Dans ce monde post-apocalyptique, l’intimité reste un luxe dangereux – une idée que Foucault aurait adoré explorer dans son analyse des mécanismes de pouvoir et de vulnérabilité.

L’arrivée de Jesse (interprété par Young Mazino) ajoute une dynamique intéressante au duo. Son calme et sa maturité contrastent avec l’obsession vengeresse d’Ellie, qui n’hésite pas à mettre en danger sa partenaire enceinte. Sérieusement, Ellie, emmener une femme enceinte dans un nid d’infectés ? Not cool.

La spirale de l’abîme : Point de non-retour

Le moment critique de l’épisode survient lorsqu’Ellie confronte Nora, l’une des complices d’AbbyLa scène, filmée comme un miroir inversé de l’assassinat de Joel, nous plonge dans une ambiance rouge sang qui reflète la rage incontrôlable d’Ellie. Ce qui est fascinant, c’est la façon dont la mise en scène nous protège partiellement de l’horreur des actes d’Ellie – contrairement à la mort de Joel, montrée dans toute sa brutalité.

Cette différence de traitement visuel n’est pas anodine : elle souligne la subjectivité morale de l’histoire. La série ne juge pas Ellie, mais nous force à nous interroger sur notre propre complaisance envers sa vengeance. Comme dirait Nietzsche, « Quiconque lutte contre des monstres devrait prendre garde, dans le combat, à ne pas devenir monstre lui-même.« 

L’épisode se conclut par un flashback poignant où Joel apparaît, marquant sa première réapparition depuis sa mort brutale en début de saison. Ce moment, lumineux et épuré, contraste violemment avec le carnage qui précède. Le spectre de Joel hante Ellie, comme un rappel constant de ce qu’elle a perdu – et de ce qu’elle devient en essayant de le venger.

Un engrenage sans fin

Ce cinquième épisode pose une question fondamentale : jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour la vengeance ? Et surtout, que reste-t-il de nous après ? La façon dont la série traite la déshumanisation progressive d’Ellie est d’une justesse troublante. Bella Ramsey livre une performance d’une intensité rare, incarnant à la perfection cette descente aux enfers.

Ce qui rend The Last of Us si puissant, c’est sa capacité à transformer une simple histoire de zombies en une méditation profonde sur ce qui nous rend humains. Craig Mazin et Neil Druckmann (les showrunners) continuent de prouver que les adaptations de jeux vidéo peuvent être des œuvres d’art à part entière, explorant des thèmes universels avec une subtilité remarquable.

Feel Her Love prouve que la véritable infection n’est peut-être pas le cordyceps, mais la vengeance elle-même – un parasite qui se nourrit de notre humanité jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien.

Pour les fans du jeu, l’épisode confirme également que l’histoire s’étendra au moins sur une troisième saison, laissant présager encore plus de moments déchirants à venir. Préparez vos mouchoirs, les gars, ça va pas s’arranger.

En savoir plus :

Et vous, jusqu’où Ellie devrait-elle aller pour venger Joel ? La vengeance en vaut-elle la chandelle ? Partagez votre avis en commentaires !

Publications similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *