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Big Brother 2.0 : Réseaux sociaux

Tu scrolles, tu likes, tu t’exposes. Et si les réseaux sociaux étaient notre Big Brother à nous ? Une dystopie pop et sucrée où l’on s’auto-surveille avec le sourire. Pourquoi cet essai vaut-il le…

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Tu scrolles, tu likes, tu t’exposes. Et si les réseaux sociaux étaient notre Big Brother à nous ? Une dystopie pop et sucrée où l’on s’auto-surveille avec le sourire. Pourquoi cet essai vaut-il le détour ? Parce qu’il démonte les mécaniques d’un contrôle aussi fun que flippant — sans écran fumée.

« Like me tender »

Mec, avoue-le : tu as déjà supprimé une photo qui ne récoltait pas assez de likes. Tu as probablement déjà reformulé un tweet parce qu’il risquait de froisser des followers. Sans déconner, nous voilà tous devenus des petites Bryce Dallas Howard de Black Mirror, obsédés par notre cote sociale virtuelle, scrutant frénétiquement nos notifications. « À chaque fois que l’on poste un contenu sur les réseaux, c’est du storytelling pour raconter une vie jolie ». Ce mécanisme de reconnaissance sociale n’est pas un bug, c’est LA feature principale du système. Tous ces cœurs, ces pouces levés 👍, ces flammes 🔥, c’est notre soma quotidien, notre drogue huxleyenne qui nous maintient dans un état de satisfaction béate.

La quête épuisante de validation numérique, c’est devenu notre nouveau job à temps plein, non rémunéré mais hyper chronophage. Les influenceurs se retrouvent « pris dans un engrenage à partager toujours plus, vivre toujours plus fort ». Et nous, simples mortels du scroll infini, on finit par faire pareil à notre échelle. C’est comme si on était tous devenus les showrunners de notre propre série télé – mais attention, gare à l’annulation si l’audience se barre.

Surveillance en douce

Pendant qu’on s’éclate à filtrer nos imperfections sur Insta, quelque chose de bien plus sinistre se trame derrière nos écrans. La surveillance high-tech d’Orwell ? Elle s’est fait un relooking BCBG et nous a envoyé une demande d’ami. La vidéosurveillance algorithmique, cette technologie qui « permet d’analyser en temps réel les flux vidéos », n’est qu’un cousin éloigné de ce que font les réseaux. Car contrairement aux caméras de surveillance traditionnelles, celles des algorithmes de TikTok ou Instagram ne sont pas accrochées au plafond d’un supermarché – elles sont dans nos poches, nos sacs, nos chambres à coucher.

Le truc vraiment flippant ? On a signé en bas de la page. Volontairement. « Pour justifier ces coupures qui surviennent la plupart du temps en période électorale, d’examens ou pendant des manifestations, les États évoquent la nécessité de lutter contre les discours haineux ou les fausses informations ». Les plateformes font pareil : content moderation, fact-checking, lutte contre la désinformation… des justifications parfaitement raisonnables pour un contrôle toujours plus poussé. C’est là où ça devient tordu : la surveillance n’est plus imposée, elle est acceptée, intégrée, parfois même réclamée.

Huxley vs Orwell : match retour

Orwell vs Huxley, fight ! Dans le coin gauche, 1984 : un monde où l’information est contrôlée par la force, où la liberté est écrasée sous la botte du Parti. Dans le coin droit, Le Meilleur des Mondes : une société où le contrôle passe par le plaisir, où personne ne se révolte parce que tout le monde est trop occupé à s’amuser. Devinez qui gagne en 2025 ? « L’impératif de transparence et le regard permanent des médias nous soumet à une surveillance permanente et nous oblige au conformisme ». Huxley avait vu juste, poto.

Le cauchemar orwellien d’un État qui t’interdit de lire s’est transformé en algorithme qui te suggère juste de regarder une vidéo de chat mignon plutôt que cet article sur la crise climatique. Dans les deux cas, tu ne t’informes pas, mais dans le second, c’est toi qui choisis. Du génie, non ? Le Parti aurait dû prendre des notes. « Nos libertés : l’impératif de transparence et le regard permanent des médias nous soumet à une surveillance permanente et nous oblige au conformisme pour ne pas être rejeté ». La dictature 2.0 ne vient pas te chercher chez toi à 3h du mat’. Elle te piège gentiment dans une bulle de confort algorithmique où tes propres désirs deviennent tes chaînes.

L’enfer, c’est ton algorithme

Ton fil d’actu, c’est un miroir déformant qui te renvoie une image modifiée de toi-même. Plus tu scrolles, plus l’algo te connaît, plus il te ressert du contenu calibré pour te garder scotché. « La dépression de la Génération Z : Voilà la partie la plus choquante, qui présente l’impact néfaste des réseaux sociaux ». C’est la partie la moins fun de l’histoire : pendant qu’on mate des TikToks de danse débile, des gamins développent des TOC et des troubles alimentaires.

L’algorithme, c’est ton dealer personnel : il sait exactement quelle dose d’indignation, de FOMO ou de validation il doit t’injecter pour que tu reviennes. En Chine, « la vidéosurveillance algorithmique sert à faire respecter la loi. Sont ainsi soumis à l’opprobre public les piétons ne respectant pas les feux rouges ». Chez nous, le même principe s’applique mais autrement : tu enfreins les codes sociaux de ta communauté en ligne, tu te fais ratio, cancel, ghost. La sanction sociale est administrée par les pairs, pas par l’État. Brillant, non ?

« Les régimes autoritaires tentent également d’intercepter les communications des journalistes avec leurs sources, via des logiciels malveillants ». Mais Instagram n’a pas besoin de logiciel malveillant quand tu lui donnes déjà volontairement accès à tes contacts, ta localisation et tes centres d’intérêt. L’autocensure devient alors un réflexe pavlovien : « Pour déjouer la surveillance, les journalistes ont recours à des outils de messagerie cryptée ». Et toi, combien de fois as-tu hésité avant de poster quelque chose de « controversé » ?

« La numérisation à marche forcée des administrations sociales a renforcé les inégalités d’accès aux droits sociaux pour les plus précaires ». La même logique s’applique aux réseaux sociaux : ceux qui maîtrisent les codes gagnent en visibilité, les autres sont relégués dans l’ombre de l’algorithme. TikTok, c’est la télésurveillance avec des filtres kawaii et une BO entraînante.

L’hypnose collective en HD

À force de fixer nos écrans, on a fini par accepter l’inacceptable. « Des corporations démoniaques qui veulent utiliser les réseaux sociaux pour tout savoir de vous » ? Mais non, c’est juste pour mieux te connaître et te proposer des contenus personnalisés, voyons ! L’IA qui analyse ton comportement ? C’est pour améliorer ton expérience utilisateur, rien de plus.

La dystopie n’a plus besoin d’être grise et sale comme dans les films de SF des années 80. Elle peut être colorée, fun, addictive. « Mae, y perd son âme » dans The Circle, mais toi, as-tu seulement remarqué que tu perdais la tienne, swipe après swipe ? Une âme échangée contre des dopamines, c’est le deal du siècle.

Big Brother ne te regarde plus : il te suit, te like… et t’influence.

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